L'histoire de la peinture La peinture flamande
L'histoire de la peinture
La peinture flamande
L'école flamande de peinture date de la fin du
XIVe siècle. Antérieurement à
cette époque, c'était l'école allemande, dite de Cologne, qui florissait dans les Pays Bas.
La peinture flamande reconnaît pour ses premiers chefs deux frères, Hubert et Jan Van Eyck,
qui, attirés à la cour des ducs de Bourgogne, s'établirent à Bruges, d'où le
plus jeune des deux frères reçut le nom de Jean de Bruges. Cet artiste, à qui
l'on a attribué l'invention de la peinture à l'huile,
abandonna les formes typiques et traditionnelles de l'école de Cologne, pour
puiser ses inspirations principalement dans la nature; aux figures isolées,
disposées symétriquement, il substitua les mouvements de la vie réelle, et, au
lieu de peindre sur fonds d'or, il ouvrit à l'oeil du spectateur les profondes perspectives du monde
visible. Ainsi, dès le début, la peinture est, pour les Flamands, l'art de
représenter; ils se livrent au naturalisme, qui sera jusqu'à à la fin le
caractère essentiel de leur école. Les scènes religieuses elles-mêmes sont
placées dans des paysages
ou dans des intérieurs; ce sont déjà des tableaux de genre.
La richesse et la force politique de la bourgeoisie en Flandre étaient de
nature à fortifier cette tendance vulgaire de l'art flamand. Les frères Van
Eyck eurent beaucoup d'élèves ou d'imitateurs, qui cultivèrent aussi la
peinture religieuse; mais il n'est pas certain que tous ceux qui sont cités
comme tels aient été réellement à leur école. Nous citerons Gérard Van der Meire,
Hugo Van der Goës, Rogier Van der Weyden ou Roger de Bruges, Josse ou Juste de
Gand, dont les ouvrages présentent un même caractère de roideur et d'austérité.
Au XVe siècle, la peinture flamande
prit plus de grâce et de charme sous l'impulsion de Hans Memling, Memmelinck ou
Hemling, de Thierry Stuerbout, fondateur d'une école à Louvain, et de Quentin
Metsys, qui donna dans ses tableaux une place plus grande à la figure humaine
que ne l'avaient fait ses prédécesseurs. Puis, l'école primitive jetait son dernier
éclat avec Claeyssens, Pierre Pourbus, Franz Pourbus dit le Vieux, et Franz
Pourbus le Jeune.
Tandis que l'art flamand s'enfonçait dans son
réalisme, l'Italie
accomplissait de merveilleux progrès, auxquels nul pays ne pouvait rester
entièrement étranger. Les artistes listes de la Flandre
L'art flamand perdait
son originalité et ses qualités natives, lorsqu'une révolution, préparée par
Adam Van Noort, fut opérée avec éclat par Rubens au XVIIe siècle. Rubens, héritier des
forces créées avant lui, se les approprie et en tend le ressort jusqu'à la
violence, pour produire des effets d'une puissance inconnue. II a accommodé en
quelque sorte à la tradition flamande les qualités des diverses écoles. Il
conçoit un certain idéal de la beauté; mais cet idéal n'a pas la pureté qu'on
lui trouve dans l'école romaine.
Rubens vise comme Michel-Ange
aux formes grandioses et mouvementées, mais il a moins de grandeur et moins de
science. II dessine, non avec vigueur, mais avec verve, et son coloris éclatant
affecte les luisants et les reflets. On reconnaît l'art flamand dans la nature
un peu vulgaire qu'il représente : il fait de la peinture héroïque et
chevaleresque, mais ses hommes d'une stature athlétique ont une expression
commune; ses femmes ont une carnation brillante, mais un éclat tout matériel,
et leur fraîcheur n'est point accompagnée de distinction et de gràce. Rubens à
produit plus de 1600 ouvrages, tableaux, dessins, gravures, etc.; son
influence a été souveraine sur son siècle, et il compta un grand nombre de
disciples et d'imitateurs. Dans la peinture historique, on peut citer Van Dyck, Jordaëns, Gaspard de Crayer, Gérard
Seghers, les Van Oost, Abraham Janssens, Théodore Rombouts, Corneille Schut,
Van Thulden, Diepenbeck,
Corneille de Vos, Erasme Quellyn. Dans le portrait, Rubens eut
encore pour élève Van Dyck; mais François Hals n'est pas de son école.
Le paysage et la peinture de genre
ont eu d'illustres représentants en Flandre. Parmi les paysagistes, on
distingue, au XVIe siècle, Henri de Bles, Joachim de Patinir
(Patenier), Pierre Breughel
dit le Vieux ou le Drôle, Hans Bol, Gilles de Coninxloo, les
frères Mathieu et Paul Bril;
au XVIIe, Pierre Breughel le
Jeune ou Breughel d'Enfer, Jean Breughel de Velours, Jacques
Fouquières, Lucas Van Uden, Jacques Van Artois, Cornélis Huysmans, Van
Bloemen. La peinture de genre, qui comprend les tableaux d'intérieur, les
scènes de soldats, de matelots de fumeurs et d'ivrognes, les bambochades, etc., a été
cultivée au XVIIe siècle, par Jean Miel ou
Meel, Peter Neefs, David Téniers le Vieux, David Téniers le Jeune, Abraham
Téniers, Adrien Brauwer,
Joseph Van Craesbeke et Gilles Van Tilborgh. Enfin, les plus célèbres peintres d'animaux et de fleurs ont été François
Snyders ou Sneyders, Jean Fyt, Paul et Simon de Vos, Jean Van Kessel, David de
Coninck.
Vers la fin du XVIIe siècle commença le déclin de
l'école flamande. Le pays fut depuis lors le théâtre des grandes guerres
européennes, et l'esprit national s'éteignit bientôt sous la domination
étrangère. Ce qui restait d'artistes en Belgique
émigra : Van der Meulen alla peindre les batailles de Louis XIV, Phippe de Champaigne se
rendit également à Paris, Nicolas Vlenghels accepta la direction de l'Académie
de France à Rome, et Gérard de Lairesse émigra à Amsterdam. L'école française de Watteau
et de Boucher, puis
celle de David, déteignirent sur l'art flamand sans le vivifier, et un seul
peintre, Herreyns, presque oublié aujourd'hui, parce qu'il a laissé peu
d'ouvrages, essaya de continuer les anciennes traditions. Au milieu du vide
général, Lens, Van Brée, les paysagistes Antonissen, Ommeganck, Denis, n'ont
guère obtenu qu'une réputation locale. L'art n'a repris quelque éclat qu'à
partir du milieu du XIXe siècle.